Le camping, un business qui sent bon les embruns… et les marges ?
Le rêve de nature, de convivialité et d’activité en plein air séduit. Et pas seulement les vacanciers. Ces dernières années, investir dans un camping s’est transformé en une réelle opportunité entrepreneuriale, notamment via la franchise. Mais combien faut-il vraiment pour ouvrir un camping ? Et sur quoi repose un modèle économique viable dans ce secteur ? Spoiler alert : ce n’est pas juste une histoire de tentes et de barbecue.
Si vous envisagez d’entrer dans la gestion d’un camping, que ce soit en tant qu’indépendant ou via une enseigne, mieux vaut baliser le terrain. Terrain qui, d’ailleurs, représente souvent le tout premier poste de dépense…
Les postes de coût incontournables pour ouvrir un camping
Pas de surprise, ouvrir un camping implique des investissements lourds dès le départ. On parle ici d’une activité ancrée dans le foncier et soumise à des normes exigeantes, en particulier sous pavillon d’une franchise. Tour d’horizon chiffré.
- Le terrain : S’il n’est pas déjà acquis, c’est le nerf de la guerre. Prix variable selon la localisation, la surface et le niveau d’aménagement. Comptez entre 300 000 et 1 million d’euros pour un foncier viable, hors stations ultra cotées.
- Les infrastructures : Sanitaires, raccordements, chemins d’accès, accueil, voiries : un budget de 200 000 à 400 000 € n’est pas déraisonnable pour partir de zéro.
- Les hébergements : Mobil-homes, chalets, tentes lodge ou emplacements nus : pour 50 à 100 emplacements, il faudra prévoir autour de 500 000 € en moyenne (et cela monte vite selon le standing visé).
- L’équipement et les services : Aire de jeux, piscine, restaurant, épicerie… C’est là que l’effet « wahou » de l’expérience client se joue. Une enveloppe de 100 000 à 300 000 € n’est pas exagérée.
- Frais annexes : Études, permis, assurances, marketing de lancement… 50 000 à 150 000 € à insérer dans le prévisionnel.
En synthèse ? Un budget global qui flirte souvent avec le million d’euros pour un camping de taille moyenne, hors foncier. De quoi refroidir… ou inciter à se tourner vers un modèle éprouvé : la franchise.
Pourquoi la franchise séduit dans le monde du camping
Ouvrir un camping en franchise, ce n’est pas simplement apposer un logo sur un portail. C’est adhérer à un modèle économique rodé, bénéficier d’un accompagnement et surtout, capter une clientèle déjà fidélisée. Dans un secteur où la réputation et la différenciation ne se créent pas en un été, cela peut faire toute la différence.
Certains acteurs l’ont bien compris. Parmi les enseignes qui dominent le marché :
- Flower Campings : spécialiste des campings à taille humaine. Droits d’entrée autour de 15 000 €, avec un accompagnement marketing fort.
- Capfun : poids lourd hyper structuré, réputé pour son sens du divertissement et des animations. Un modèle plus lourd d’investissement, mais attractif pour les familles.
- Yelloh! Village : haut de gamme, avec un niveau d’exigence élevé sur les prestations. Un club fermé, mais à forte valeur ajoutée.
Ces réseaux offrent un double levier : la mutualisation des outils (réservation en ligne, communication, centrale d’achat…) et l’effet de notoriété. Deux armes essentielles quand on sait que plus de 70 % des réservations se font désormais en ligne, souvent sur moteur comparatif.
Zoom sur les coûts spécifiques à la franchise
Faire partie d’un réseau a un coût, évidemment. Qu’il faut bien anticiper pour ne pas transformer l’aventure en leçon budgétaire amère.
- Droits d’entrée : Généralement compris entre 10 000 et 30 000 €, selon l’enseigne.
- Apport personnel exigé : Souvent entre 200 000 et 400 000 €, en fonction de la surface du projet.
- Redevence annuelle : Entre 2 % et 6 % du chiffre d’affaires HT. Variable selon les services fournis (communication, centrale d’achat, accompagnement de gestion…)
- Frais de formation/initialisation : Si plusieurs enseignes les incluent dans les droits d’entrée, certains les facturent à part (5 000 à 10 000 €).
Alors oui, la note est salée. Mais le ticket d’entrée dans une franchise reste souvent moins risqué que l’aventure solo. Un chiffre : 85 % des franchisés sont encore en activité 5 ans après leur lancement, contre 50 % des indépendants (source : FFF, Fédération Française de la Franchise).
La rentabilité : une oasis ou un mirage ?
Avec des tickets d’entrée aussi élevés, autant dire qu’on espère un retour sur investissement. Rassurez-vous : bien géré, un camping peut devenir un business très rentable.
Quelques repères :
- Chiffre d’affaires moyen : Un camping 3 étoiles de 80 à 100 emplacements peut générer entre 300 000 et 600 000 € de CA annuel. Et bien plus selon les services proposés (hébergement premium, restauration, animations).
- Ebitda visé : De 15 à 30 % en moyenne. Certains franchisés ambitieux atteignent 40 %, notamment via la montée en gamme des hébergements locatifs.
- Saisonnalité : Eh oui, c’est un business très concentré. L’essentiel du CA s’opère entre juin et septembre. Mais certains réseaux développent le hors-saison (week-ends thématiques, hébergements chauffés, séminaires d’entreprise…)
Un exemple parlant ? Un franchisé Flower Campings en Nouvelle-Aquitaine nous confiait avoir remboursé ses principaux emprunts en 7 ans, tout en réinvestissant chaque année 10 à 15 % de son chiffre d’affaires dans l’amélioration de son offre. Sa recette : ne jamais considérer le camping comme une activité « reposante ». La nature, oui. Le repos, rarement.
Ce que les banquiers veulent entendre
À moins d’avoir gagné Euromillions (et encore), impossible de lancer un tel projet sans financement. Et les établissements prêteurs veulent du solide. Voici ce qui capte leur attention :
- Un business plan détaillé : Rien ne doit être laissé au hasard, surtout pas la perspective de rentabilité hors haute saison.
- Une étude de marché fine : Positionnement, concurrence locale, habitudes touristiques, accessibilité : tout compte.
- Un contrat d’enseigne : Les partenaires bancaires se montrent plus confiants lorsqu’un réseau reconnu soutient le projet (notamment pour l’accompagnement et le marketing).
- Une capacité de gestion et un profil motivé : Contrairement aux idées reçues, l’expérience dans le tourisme n’est pas obligatoire. Mais une capacité à gérer une équipe saisonnière et à maîtriser l’accueil client est scrutée de près.
Franchise ou solo : quelles perspectives de croissance ?
Ceux qui voient le camping comme un feu de camp entre deux marshmallows vont vite déchanter. C’est un métier exigeant, logistique, exigeant (oui, deux fois), mais aussi pétri de perspectives enthousiasmantes.
Car le marché évolue. Le camping de papa laisse place à des concepts hybrides : glamping, éco-lodges, logements insolites, campings premium tout confort avec spa et room service. Et la clientèle suit. Certains établissements proposent désormais des séjours à 200 € la nuit… dans un mobil-home ! Le secteur se renouvelle, et la franchise est souvent à l’initiative de ces mutations.
Gardez-le en tête : dans le monde du camping, l’investissement initial est élevé, mais le levier de croissance peut l’être tout autant. En particulier si vous vous appuyez sur un réseau qui a senti le vent tourner avant vous.
Alors, prêt à planter vos sardines dans le marché ? Rien n’est plus sérieux que l’hôtellerie de plein air. Et malgré les cigales et les guirlandes, c’est un secteur qui ne fait pas dans l’amateurisme.